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Allemagne : 28 Afghans condamnés à de lourdes peines renvoyés dans leur pays
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Internationale
Allemagne : 28 Afghans condamnés à de lourdes peines renvoyés dans leur pays

C'est une première, trois ans après le retour des talibans au pouvoir à Kaboul. L'Allemagne a renvoyé dans leur pays 28 Afghans ce vendredi 30 août. Ils étaient condamnés à de lourdes peines. Une mesure sévèrement critiquée par les organisations de défense des migrants. Mais une semaine après l'attaque meurtrière au couteau d'un jeune syrien à Solingen, le gouvernement était sous pression. L'expulsion, prévue depuis plusieurs semaines, se veut un signal politique à deux jours de deux élections régionales très attendues.

« Quelqu’un qui commet un crime grave ne peut pas bénéficier de la même protection qu’une personne qui respecte nos lois. Nous avons le droit de choisir qui peut venir chez nous et qui ne peut pas » : dans une longue interview au magazine Der Spiegel, Olaf Scholz justifie le durcissement de la politique migratoire et de sécurité de son gouvernement.

Le chancelier avait annoncé dans le même hebdomadaire à l’automne dernier que son pays devait expulser en masse des migrants, rappelle notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. La coalition du chancelier social-démocrate, qui gouverne avec les Verts et les libéraux, avait aussi dit, avant l'été, étudier la possibilité de reprendre les expulsions de délinquants vers la Syrie, suspendues depuis 2012 en raison de la guerre civile dans ce pays. L'auteur présumé de l'agression de Solingen, dans l'ouest du pays, il y a une semaine, où trois personnes avaient trouvé la mort, est un Syrien de 26 ans, soupçonné de liens avec l'organisation terroriste État islamique.

Des projets qui suscitent de vives réserves de plusieurs organisations de défense des droits. « Personne ne devrait être expulsé vers un pays où il risque d'être torturé », a déclaré vendredi Julia Duchrow, responsable d'Amnesty International Allemagne. Elle estime que Berlin pourrait ainsi « se rendre complice des talibans », rapporte l'Agence France-Presse.

L'intermédiaire du Qatar

Trois ans après le retour des talibans au pouvoir à Kaboul, un vol charter de Qatar Airways s’est envolé de Leipzig ce matin avec à son bord 28 Afghans condamnés à des peines sévères, notamment pour viols. Chacun a reçu 1 000 euros, ce que la droite et l’extrême droite ont violemment critiqué.

Pour éviter des liens directs avec le régime taliban, ce qui impliquerait une reconnaissance de fait, le Qatar a servi d’intermédiaire. Il n'y a « pas eu de discussions directes » avec le gouvernement des talibans, que Berlin ne reconnaît pas, a précisé un représentant du ministère des Affaires étrangères.

Cette expulsion intervient quelques heures après l’adoption par le gouvernement allemand de règles plus sévères contre l’immigration illégale et les violences terroristes et aussi 48 heures avant deux scrutins régionaux lors desquels un succès de l’extrême droite est attendu, en Thuringe et en Saxe.

L'exercice d'équilibriste des Verts allemands

La décision, prise à l'unanimité du gouvernement, ne s'est pas faite sans grincement de dents chez les Verts alors que les associations de soutien aux réfugiés dénoncent la mesure négociée avec le Qatar, relate notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.

C'est un exercice d'équilibriste pour les Verts. Oui « à l'expulsion ciblée de meurtriers, d'islamistes, de violeurs et des plus grands criminels vers l'Afghanistan », selon le ministre de l'Économie Robert Habeck. « Non aux expulsions de masse qui nécessiteraient une coopération directe avec le régime taliban », que l'Allemagne ne reconnait pas et ne veut pas reconnaitre, pour Omid Nouripour, le co-président du parti né en Iran.

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock résumait le dilemme voici deux jours. Berlin était alors déjà en négociations avec le Qatar en vue d'organiser le vol de ce matin vers Kaboul.

« En tant que ministre des Affaires étrangères, j'ai toujours dit qu'on doit renvoyer dans leur pays les plus grands criminels une fois qu'ils ont purgé leur peine, explique la ministre. D'un autre côté, ce n'est pas une question facile. C'est pourquoi j'ai aussi toujours dit que dans les situations où il n'est pas facile de renvoyer les gens, comme dans un pays tel que l'Afghanistan, où règne un régime islamiste de terreur. Dans ces cas, nous travaillions donc à améliorer le niveau de protection en Allemagne, en renforçant la surveillance des personnes représentant une menace. »

En validant cette décision, les Verts se coupent un peu plus d'une partie de leur base.

Avec RFI

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