Bangladesh: le responsable des élections démissionne quelques mois après un scrutin controversé
Le responsable des élections au Bangladesh a démissionné, jeudi 3 septembre, après avoir nié toute ingérence lors du scrutin controversé de janvier. Ce vote avait conduit à la réélection de la Première ministre autoritaire Sheikh Hasina qui a, depuis, fui le pays, sous la pression de la rue.
Cinq nouvelles démissions de fonctionnaires ont été déposées jeudi 3 septembre au Bangladesh. Kazi Habibul Awal et les quatre autres commissaires électoraux du pays ont quitté leurs postes en invoquant l'éviction de Sheikh Hasina. L’ancienne Première ministre, arrivée au pouvoir en janvier, a quitté le pays le mois dernier au terme de manifestations massives.
Ce sont les derniers hauts fonctionnaires nommés par ses soins – parmi lesquels le patron de la Banque centrale et des juges de la Cour suprême – à se retirer de leurs fonctions depuis qu'elle a fui en hélicoptère vers l'Inde le 5 août, avant que des manifestants ne prennent d'assaut sa résidence à Dacca.
Un rôle dans les élections controversées
Tous les cinq avaient présidé les élections de janvier qui ont garanti à l’ex-Première ministre un quatrième mandat consécutif à la tête du pays, et à son parti, la Ligue Awami, plus des trois quarts des sièges au Parlement.
Les élections avaient été marquées par une faible participation et boycottées par le principal parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), qui les avait qualifiées de simulacre, notamment après l'arrestation de milliers de responsables de l'opposition.
Mais Kazi Habibul Awal a, quant à lui, estimé que l'absence d'une véritable opposition politique signifiait que le vote lui-même s'était déroulé avec intégrité. « Le principal parti d'opposition, le BNP, et les partis qui partagent les mêmes idées n'ont pas participé au scrutin », a-t-il indiqué. « Comme il s'agissait d'une élection à parti unique, il n'était pas nécessaire d'influencer le scrutin », a-t-il argumenté.
Gouvernement intérimaire
Les quinze ans de règne de Sheikh Hasina au Bangladesh ont été marqués par de nombreuses violations des droits de l'homme, notamment par la détention de ses opposants politiques. Après sa fuite en Inde, elle a été remplacée par le lauréat du prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, qui dirige un gouvernement intérimaire.
Muhammad Yunus a invité, jeudi 5 septembre, la Première ministre déchue Sheikh Hasina à « se tenir tranquille » depuis son exil en Inde, un mois jour pour jour après sa chute. « Si l'Inde veut la garder jusqu'à ce que le Bangladesh la réclame (pour être jugée), c'est à la condition qu'elle se tienne tranquille », a déclaré le Prix Nobel de la paix à l'agence Press Trust of India (PTI). « Depuis l'Inde, elle parle et elle donne des instructions. Personne n'aime ça. Ce n'est bon ni pour nous, ni pour l'Inde », a-t-il poursuivi.
Une semaine après son arrivée en Inde, elle a appelé la population bangladaise à se rassembler à Dacca pour marquer l'anniversaire de l'assassinat en 1975 de son père Mujibur Rahman, héros de l'indépendance du pays. Sa déclaration a été considérée comme une provocation et une tentative de miner l'autorité du gouvernement de Muhammad Yunus, qui a promis des élections à une échéance encore inconnue. Les étudiants à la tête du soulèvement exigent désormais de l'Inde son retour au Bangladesh pour y répondre devant la justice de la répression, qui a fait au moins 600 morts, pour l'essentiel des manifestants, selon l'ONU.
Avec RFI
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