Kindu sous le choc : la condamnation de Matata Ponyo attise les frustrations
La condamnation à 10 ans de travaux forcés et la confiscation des biens de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo par la Cour constitutionnelle a provoqué une onde de stupeur dans la province du Maniema. Interrogé par Election-Net.com, Maître Michel Kasonda Yuma, président provincial de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI), livre une analyse sans concession, dépeignant une population "en colère", une justice "politicienne" et un sentiment d’iniquité qui mine la confiance des Maniémins envers les institutions.
"Dans les yeux des Maniémins, vous ne pouvez que lire l’angoisse, la tristesse. Parce que c’est inconcevable", lance d’emblée Maître Kasonda. Pour lui, la condamnation de Matata Ponyo, après des années de procédures contradictoires, est perçue comme une injustice ciblée. "La messe était déjà dite. Il fallait que la politique force la justice à rendre une décision pareille", assène-t-il, fustigeant les revirements de la Cour constitutionnelle.
En 2020, la même juridiction s’était déclarée incompétente pour juger cette affaire de présumés détournements dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. Quatre ans plus tard, elle condamne l’ancien chef du gouvernement, créant, selon Kasonda, "une confusion dans le monde juridique et dans l’esprit de la population".
Le militant des droits humains pointe un traitement différencié : "Nous avons dénoncé les détournements commis par beaucoup de fils de ce pays, mais il n’y a que ceux du Maniema qui sont poursuivis. Ce sont leurs leaders qui sont visés." Une sélectivité qui, selon lui, attise le sentiment de marginalisation dans cette province historiquement négligée.
"Comment comprendre qu’une Cour, après s’être déclarée incompétente, revienne sur sa position ? Quel modèle de jurisprudence veut-on léguer aux générations futures ?", interroge-t-il, remettant en cause la légitimité même du verdict.
Plus grave encore, Maître Kasonda accuse la justice d’être "manipulée par le politique". "La justice élève une nation. Mais aujourd’hui, elle est utilisée pour régler des comptes", déplore-t-il, évoquant une "tricherie juridique et judiciaire".
Pour la société civile du Maniema, cette affaire dépasse le cas Matata Ponyo : elle symbolise l’effritement de l’État de droit. "Si la justice devient un outil de persécution, comment construire une paix durable ?", s’alarme-t-il, appelant à une réflexion collective pour éviter que ces dérives n’enveniment les tensions sociales.
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