Lualaba : Éboulements meurtriers dans les mines artisanales, AFREWATCH exige des actions urgentes
Deux éboulements en un mois, des vies englouties sous les décombres, et des conditions de travail dignes d’un « calvaire » : le site minier artisanal de Kisankala, dans le Lualaba, illustre la crise humanitaire et réglementaire qui secoue le secteur minier artisanal en RDC. Dans un entretien exclusif avec Election-net.com ce mercredi 04 juin 2025, André NTUMBA, responsable du programme Environnement et changement climatique à AFREWATCH, dénonce des pratiques « dangereuses », des conflits d’intérêts systémiques et l’inaction des autorités.
Les éboulements des 7 et 11 mai 2025 sur le permis de l’entreprise COMIDE (filiale d’ERG) ont fait des victimes dont le bilan exact reste inconnu. « Les creuseurs travaillent sans sécurité, dans des galeries instables. Les éboulements s’accompagnent toujours de pertes en vies humaines », explique NTUMBA. Les conditions sanitaires sont tout aussi alarmantes, exposant notamment les femmes, souvent chargées du lavage des minerais, à des maladies.
AFREWATCH révèle un « secret de polichinelle » : des coopératives minières seraient contrôlées par des autorités politiques, militaires, ou des proches de la famille présidentielle. « Certaines personnalités usent de leur statut pour envahir des concessions privées en toute impunité », déplore NTUMBA. La coopérative COMBAKAT, active à Kisankala, serait ainsi liée à Alain KAPUPA, proche du gouverneur du Lualaba, et à des ressortissants chinois ou libanais.
Le Code minier de 2018 prévoit des Zones d’Exploitation Artisanale (ZEA) pour encadrer l’activité. Pourtant, « ces zones ne sont pas instituées, ou alors elles sont attribuées à des entreprises minières », regrette NTUMBA. Les rares ZEA créées seraient soit éloignées, soit pauvres en minerais, poussant les creuseurs vers des sites illégaux et dangereux.
AFREWATCH interpelle trois acteurs clés :
- Le Ministre des Mines : Mettre en place des ZEA fonctionnelles et « assainir un secteur minier gangrené par les conflits d’intérêts ».
- La Maison civile du Chef de l’État : Enquêter sur l’usage frauduleux du nom de la famille présidentielle et rendre les conclusions publiques.
- Le gouvernement provincial : Appliquer l’article 27 du Code minier interdisant aux agents publics de détenir des intérêts dans les coopératives.
NTUMBA insiste sur l’urgence d’associer la société civile aux enquêtes : « Seules des sanctions exemplaires mettront fin à cette impunité. »
Election-net.com a tenté en vain de recueillir les réactions du ministère des Mines et le cabinet du gouverneur du Lualaba. Aucune réponse n’a été obtenue au moment de la publication de cet article.
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