PDL-145T : L’ombre d’une exécution opaque plane sur les projets confiés au PNUD
Alors que le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) se veut un vecteur de transformation des milieux ruraux en RDC, plusieurs signaux d’alerte émanent quant à sa gestion financière, sa conformité aux normes réglementaires et surtout sa cohérence avec les véritables besoins des populations locales.
Selon le rapport de monitoring du Centre des Recherches en Finance Publique pour le Développement Local CREFDL en sigle, la gestion de plusieurs volets du PDL-145T a été attribuée à des agences d’exécution, notamment le PNUD, la CFEF et le BCeCo, en violation du Décret n°10/32 du 28 décembre 2010 relatif à la création de la Cellule de gestion des projets publics. Cette situation pose un problème de légitimité, surtout au regard de l'arrêté ministériel n°CAB/MIN/FINANCES/2021/001 qui confie à la CFEF certaines prérogatives, sans que celles-ci ne soient accompagnées de crédits dans les lois de finances 2022 à 2024.
Le PNUD bénéficie d’une autonomie opérationnelle en vertu de l’accord de siège signé en 1946 entre la RDC et les Nations Unies. Cependant, cette autonomie semble avoir permis à l’agence onusienne d’agir hors de tout contrôle effectif. Des institutions comme l’IGF se trouvent de facto incompétentes à auditer le PNUD ou les entreprises qu’il recrute, ce qui soulève de sérieuses préoccupations sur la transparence et la traçabilité des fonds publics.
Le rapport du CREFDL révèle une inflation des coûts de construction. Certaines écoles ou centres de santé ont été érigés pour des montants allant jusqu’à 230.000 dollars, sans équipements. Pourtant, des projets similaires exécutés entre 2013 et 2016 par d’autres bailleurs ne dépassaient pas les 100.000 dollars. En outre, plusieurs ouvrages présentent des défauts de construction, des finitions médiocres et des équipements solaires de faible capacité, inutiles dans des zones où l’électricité constitue une priorité urgente.
Le processus de priorisation des projets n’a pas été inclusif. Les Entités Territoriales Décentralisées (ETD) ainsi que les dynamiques communautaires n’ont pas été consultées. Dans plusieurs territoires comme Tshikapa, Muanda ou Djuma, les besoins exprimés portaient sur l’accès à l’eau, l’électricité ou la réhabilitation des routes. Pourtant, des écoles ont été construites là où les priorités étaient tout autres, accentuant le décalage entre le programme et les attentes locales.
À travers ce constat amer, le CREFDL questionne non seulement l’efficacité du PDL-145T, mais surtout son caractère de « développement local ». La centralisation des décisions, la faible implication des communautés, et l’opacité dans la gestion des ressources soulèvent des doutes sur la durabilité des impacts. Dans certains cas, des ouvrages sont déjà menacés par les intempéries faute de drainage adéquat, tandis que d’autres sont abandonnés.
Le PDL-145T, pourtant salué à son lancement, est devenu un symbole d’occasions manquées si les préoccupations actuelles ne sont pas corrigées. Il est impératif de remettre les communautés au centre de l’action publique et d’exiger une reddition de comptes des agences d’exécution, y compris les institutions internationales.
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