RDC/Les coulisses de l'activisme : entre conviction et compromission
L'entrée du M23 à Goma a révélé des vérités troublantes sur l'activisme en République Démocratique du Congo. Derrière les slogans et les mobilisations se cachent des réalités complexes, où les concernés se heurtent souvent à des intérêts personnels et des alliances troubles. Dans un entretien avec Election-net.com ce mercredi ce mercredi 12 mars 2025, Benjamin Amuri Mushabah, militant du mouvement citoyen Filimbi et son chargé d'administration et logistique à sa coordination nationale, lève le voile sur ces contradictions.
Après plus de 10 années d'activisme au sein de Filimbi, celui-ci identifie quatre visages de l'activisme :
1. Les infiltrés :
Selon Benjamin Amuri Mushabah, certains militants collaborent avec les services de sécurité pour piéger leurs propres camarades, transformant la lutte en un jeu dangereux de trahisons.
2. Les propagandistes :
Amouri fait en outre savoir que d'autres font ouvertement la promotion des rebelles, exposant leurs paires à des risques sécuritaires tout en recherchant une visibilité personnelle.
3. Les opportunistes :
Pour certains, poursuit-il , l'activisme se résume à une quête d'audiences auprès des autorités étatiques, des diplomates ou des ONG, souvent dans le mais de monnayer leur influence.
4. Les convaincus :
Enfin, il y a ceux qui militent par pure conviction, souvent au péril de leur sécurité et de leur stabilité financière, soutient Benjamin Amuri Mushabah.
Des pratiques inquiétantes
Benjamin Amuri dénonce des comportements hypocrites au sein des mouvements citoyens : monnayage d'actions, accusations infondées orchestrées avec les services de sécurité, et même collaboration avec des groupes armés. D'après ses dires, "certains militants, protégés par les rebelles, circulent librement tandis que d'autres vivent dans la clandestinité. Ces pratiques sapent la crédibilité des mouvements et mettent en danger la vie de nombreux militants".
Un système sans contrôle
Il regrette cependant qu'aucune instance disciplinaire ne régule ces dérives. "Bien que certains mouvements, comme Filimbi, prennent des sanctions internes, la majorité des groupes manquent de mécanismes pour garantir l'intégrité de leurs membres. Cette absence de régulation favorise l'impunité et la propagation de comportements contraires aux valeurs citoyennes", explique-t-il.
L'avenir de l'activisme
Malgré ces défis, Benjamin Amuri reste optimiste. Pour lui, les mouvements citoyens représentent une alternative essentielle pour une société civile indépendante et exigeante. Cependant, leur succès dépendra de leur capacité à se purger des éléments corrompus et à recentrer leur action sur des valeurs de probité et de rigueur, ajoute-t-il.
Ainsi donc, l'activisme en RDC est à la croisée des chemins. Entre idéalisme et compromission, il doit choisir entre servir le peuple ou se perdre dans les méandres de l'opportunisme. Le temps, comme toujours, finira par révéler la vérité.
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